Abus, pouvoir et médias : ce que nous enseigne l'histoire de l'Église vieille-catholique

2025-11-04
Les abus – qu'ils soient physiques, psychologiques ou spirituels – ne sont pas un phénomène nouveau. Dans son article « Berichterstattung in der deutschen altkatholischen Presse über sexuellen und spirituellen Missbrauch in der römisch-katholischen Kirche Ende des 19. Jahrhunderts » (Couverture médiatique dans la presse vieille-catholique allemande des abus sexuels et spirituels dans l'Église catholique romaine à la fin du XIXe siècle), Theresa Hüther montre que la question des abus sexuels et spirituels remonte à la fin du XIXe siècle. À l'époque déjà, la presse vieille-catholique rendait ouvertement compte de cas d'agressions et de dissimulations que l'on qualifierait aujourd'hui d'« histoires d'abus classiques » : des prêtres abusant de leur position d'autorité, des écoles conventuelles où des élèves étaient victimes d'abus et des structures ecclésiastiques protégeant les auteurs. La critique des formes de piété ultramontaines, qui se traduisaient par une soumission aveugle à l'autorité de l'Église et du pape, était un thème récurrent dans les articles de journaux. Le mouvement vieux-catholique, né à la fin du XIXe siècle en réaction à l'absolutisation dogmatique de l'infaillibilité papale et de la primauté juridictionnelle dans le contexte du premier concile du Vatican, critiquait le fait que les abus spirituels et la manipulation ciblée, souvent accompagnés d'un langage sexualisé, favorisaient non seulement la violence sexuelle, mais la préparaient et la rendaient possible. Il est particulièrement intéressant de noter que dès le XIXe siècle, on parlait déjà des causes structurelles, telles que l'obligation du célibat ou la pratique de la confession. Ainsi, les abus de pouvoir et les cas d'abus qui en résultaient n'étaient pas considérés comme des défaillances morales individuelles, mais comme le résultat d'un système qui encourageait la dépendance et le silence. Hüther montre ainsi que ce n'était pas la connaissance des abus de pouvoir, spirituels et sexuels, qui faisait défaut, mais simplement la volonté de l'Église catholique romaine de remettre en question ses propres structures. Le développement des structures ecclésiastiques, comme la modification de la pratique de la confession, la suppression de l'obligation du célibat ou encore un statut disciplinaire pour les ecclésiastiques qui régit le renvoi des prêtres auteurs d'abus sexuels, peut contribuer à prévenir les abus spirituels et sexuels ainsi que les abus de pouvoir. La confrontation ouverte avec les scandales d'abus commis par l'Église n'est donc pas seulement un phénomène moderne. Elle permet aujourd'hui aux victimes de disposer d'un espace pour parler ouvertement de leurs expériences. Pour en savoir plus, consultez l'article publié sur theologie.geschichte : DOI : https://doi.org/10.48603/tg-2025-art-4